lundi 9 novembre 2015

La course à pied devrait être remboursée

COURSE SUR ROUTESaint-Pol - Morlaix. 

Bruno Heubi : «La course à pied devrait être remboursée» 

 Bruno Heubi animera une conférence-débat, samedi (16 h30) à l'Espace du Roudour...
Bruno Heubi animera une conférence-débat, samedi (16 h30) à l'Espace du Roudour à Saint-Martin-des-Champs.

Ancien athlète de haut niveau, entraîneur et professeur agrégé d’éducation physique, le Rémois Bruno Heubi « baigne » dans le monde de la course à pied depuis plus de 40 ans. Samedi (16 h 30), il apportera son expérience au cours d’une conférence-débat au Roudour à Saint-Martin-des-Champs.


Comment êtes-vous devenu le parrain du Saint-Pol - Morlaix 2015 ?
En fait, je connais François Le Dissès, l’organisateur du Saint-Pol - Morlaix depuis 1981, année où j’ai fait mon service militaire dans les commandos. Il était mon adjudant. On s’est retrouvé bien plus tard sur des courses. Souvent, il me demandait d’être le parrain de sa course mais comme ça tombait la plupart du temps le même week-end que le marathon de New York, je ne pouvais pas. Cette année, c’était possible, alors j’ai dit oui.
Quel regard portez-vous sur la course à pied actuelle ?
La course sur route, je l’ai vue naître. J’ai pris ma première licence en 1972. C’était l’année des 100 km de Millau et de Marvejols-Mende. C’était l’année du lancement de la course sur route en France. A cette époque-là, lorsqu’on faisait de la course à pied, on nous jetait quasiment des pierres. Maintenant, courir, c’est branché et c’est à la mode. Il y a eu un énorme bouleversement et je trouve ça extraordinaire.
Aujourd’hui, la pratique semble moins tournée vers la compétition mais plus vers la santé et le plaisir…
Lorsque j’avais fait mon mémoire de fin d’études dans les années 1980, j’avais été un peu visionnaire car j’avais écrit que la course à pied devrait être remboursée par la sécurité sociale. On s’aperçoit qu’on n’en est plus très loin aujourd’hui. La course à pied est entrée dans les mœurs. On avait coutume de dire que les Français ne sont pas sportifs. Aujourd’hui, tout le monde court, des jeunes, des moins jeunes, des gros, des maigres… Je trouve ça génial. Evidemment, on a une érosion de l’élite mais ça, ce n’est pas très grave. Je préfère qu’il y ait 50.000 personnes au marathon de Paris plutôt que 2.000. Il est plus important d’avoir 50.000 personnes en bonne santé, même si elles ne courent pas très vite, que d’avoir 1.000 personnes qui vont vite.
Que vous inspire l’engouement pour le trail ?
Ça correspond à l’évolution de la course à pied. Pourquoi le trail séduit ? Pourquoi le marathon du Médoc a un tel succès ? Pourquoi toutes les courses genre Mud Day, où on se roule dans la boue, ont un tel succès ? Tout simplement parce que les gens veulent s’amuser, sans chronomètre. Le trail correspond à cela. Sur un marathon, lorsque vous vous arrêtez, le chronomètre tourne et ça fait mal. Sur un trail, lorsque vous vous arrêtez, ce n’est pas grave puisque la majorité des traileurs font comme vous, ils s’arrêtent et marchent. Ça rend la course à pied plus ludique. On entre dans un autre type de courses qui s’adressent à un autre type de coureurs. Le trail se vend très bien. On dit aux gens qui font de l’ultra-trail qu’ils sont des héros. Quand quelqu’un a fait le Grand Raid de La Réunion, personne ne va lui demander combien de temps il a mis. A la limite, plus il met de temps, plus c’est un héros. Quand je faisais du 100 km, les gens trouvaient ça exceptionnel. Je répondais que ce ne l’était pas du tout. Tout le monde peut faire un 100 km. Ce qui est exceptionnel, c’est de le faire à 15 km/h. Le trail, c’est tous les bons côtés de la course à pied sans le côté un peu pervers de la compétition et de la sanction du chronomètre.
Vous avez été compétiteur, la tendance actuelle ne vous dérange pas ?
Non. Je ne suis pas certain qu’il y ait moins de compétiteurs qu’avant. Ce qui est sûr, c’est que le peloton s’est agrandi avec les coureurs de masse. Il y a encore dix ou quinze ans, personne ne faisait un championnat de France de marathon s’il ne valait pas moins de trois heures. Aujourd’hui, le marathon s’est popularisé et le championnat de France est ouvert à tous.
Les gens que vous accueillez en stage, que viennent-ils chercher ?
A 5 % seulement, ce sont des purs compétiteurs. L’idée de mes stages est de donner aux gens des outils pour se prendre en charge et s’entraîner tout seul. Les gens qui s’adressent à moi veulent apprendre et progresser car courir, ce n’est pas juste mettre un pied devant l’autre, ça demande des connaissances. Et ce n’est pas parce qu’on fait quatre heures au marathon qu’on n’a pas droit d’avoir un entraîneur compétent.
Samedi, vous allez animer une conférence. Quel en sera le thème ?
L’idée première est d’échanger avec les gens. Je serai là pour répondre à toutes les questions qu’ils se posent sur l’entraînement.
Un conseil pour un débutant ?
Apprendre à bien se connaître pour évaluer ce qu’on est capable de faire afin de se fixer un objectif réaliste. C’est comme sur un bateau, il faut d’abord définir le cap avant de prendre la barre. Sinon, c’est difficile de naviguer.

© Le Télégramme

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